Musicalement vôtre
Chronique du 26 avril 2024
Hier soir, alors que je relevais une dernière fois mes messages, une petite surprise m’attendait ; un test du magazine ELLE m’invitait à découvrir la bande originale de ma vie. La soirée s’annonçait délicieusement oisive. Mini-CEO vivait sa meilleure vie chez ses grands-parents et Charmant CEO était parti prêcher la bonne parole environnementale à Peeûûris (Liberté, j’écris ton nom !).
Je vous raconte.
Entre deux cuillères de houmous maison qui manquait un peu de citron, j’ai commencé à réfléchir à ce concept de bande originale et plus largement, au rôle de la musique dans notre humble existence.
J’étais donc en pleine introspection égotique quand la bande originale du film 1492 : Christophe Colomb et la mélodie de Sirba, du film Le Grand Blond avec une Chaussure Noire ont résonné par alternance dans mes deux hémisphères. De là à conclure que ma vie oscille entre épopée grandiose et gaucherie viscérale… Bref ! Revenons à nos moutons !
La musique est un puissant pourvoyeur de souvenirs. Quelques notes suffisent à faire revivre des moments précieux, des instants à jamais perdus ; les Platters que j’écoutais avec mon grand-père, In the Hall of the Mountain King d’Edvard Grieg qui rythmait de folles courses dans le noir avec mon frère, Marie Laforêt et Serge Reggiani tournant en boucle dans la Polo de ma mère, ce fou rire entre amies à un feu rouge sur du Bon Jovi, Dires Straits à fond dans mon walkman autoreverse quand « p****, ça m’soulait, quoi ! » (Bon, ok, et aussi -parfois- Céline Dion. Ça va… Je n’étais certainement pas la seule, hein !).
Mais la musique transcende bien au-delà de son rôle mémoriel ; elle est aussi le miroir de nos états d’esprit fluctuants. En témoigne, par exemple, les noms de mes différentes playlists sur l’application Spotify : « Respire un coup », « Bouge ta graisse » ou bien encore « Allez, vas-y, chouine »… (la bienveillance, c’est important).
Cependant, la musique, ce souffle vital qui encapsule nos émotions, peut parfois avoir un effet délétère. Oui, il existe des musiques qui irritent, qui indisposent, des musiques qui deviennent insupportables à force de répétition.
Ainsi, je pourrais vous parler des compositions de Steve Reich ou bien, en son temps, de la petite musique d’attente de l’URSSAF Île de France que je me remémore avec une tendresse très relative et qui n’avait d’égale que l’amabilité de l’interlocuteur qui finissait par décrocher.
D’ailleurs, question : si Aristote avait eu à écouter en boucle plus de 82 fois l'Été de Vivaldi, aurait-il considéré que la musique adoucit les mœurs ?
Et que dire de cette petite ritournelle sociétale post-moderne ? Mais si ! Vous la connaissez ; « Agis, bouge, performe, innove, ose ! Pense à toi, pense aux autres. Fais du sport, mange 5 fruits et légumes par jour ! C’est bon, profite un peu ! Hâte toi de vivre, hâte toi de mourir ! Tu reprends du dessert ? Ah bon. Comment ? Tu ne prends pas de vin ? Tu devrais, tu ne devrais pas »… Fais pas ci, fais pas ça (Jacques Dutronc was right !)
Et puis, il y a aussi cette chanson qui, à trop l’entendre, finit par nous crisper les mâchoires. Surtout en fin de journée... Oh ! Qu’elle était attendrissante au début, cette mignonne petite chanson ! Elle nous confirmait notre statut intouchable de Commandeur jusqu’à… jusqu’à ce que l’enfant la répète plus de 751 fois par jour pour tout et rien.
Allez, juste pour vous : « Maman ? Maman ? Mamannnn ? MAMAMANNNN, tu peux... ? » (parfois interprétée en canon avec el hombre : « Chérie, t’aurais pas vu mon pantalon, mon chargeur, mon tour de cou ? »). Meuh bon, avouons-le ; celle-là, quoi qu’on en dise, on l’aime ! Et lorsqu’elle s’arrêtera, là commencera le vrai malheur.
De tartines de houmous en réflexions nocturnes, je finis par avoir une fulgurance (dites-moi, ça carbure un peu sous ce scalp !) : la vie, n’étant pas une ligne droite, elle ne peut intrinsèquement être illustrée par un seul petit air de musique ! Sauf, peut-être, à mener la vie d’un Shadok.
J’ai tout même fini par faire le test de ELLE parce que j’avais envie de savoir si j’étais plus Out of Africa, Tontons flingueurs ou Titanic. Hélas, il devait y avoir un caillou dans le cassoulet parce que je n’ai jamais eu le résultat.
Et vous ? Quelles musiques vous accompagnent dans votre noble existence ?